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Caillebotte dans la maison familiale d'Yerres

 

 peinture,caillebotte,yerresGustave Caillebotte - Autoportrait au chapeau d'été, 1875, collection privée

 

 

     Paris met l’impressionnisme en vedette cette année !

     Après « Les impressionnistes en privé » à Marmottan, je viens de rencontrer Gustave Caillebotte. Pas besoin d’aller loin de chez moi… il se cachait dans son ancienne propriété familiale de Yerres dans L’Essonne à laquelle je m’étonne encore de n’avoir jamais rendu visite. 

  

 

 Un impressionniste original, enfin reconnu

 

     Pour cette exposition « Caillebotte à Yerres, au temps de l’impressionnisme », les plus grands musées du monde et des collectionneurs privés, dont la famille de l’artiste, ont permis de présenter pour la première fois, dans le lieu où elles ont été peintes, 43 œuvres du peintre qui, pour la plupart, n’ont jamais ou très peu été exposées au public.

     Mais qui était Gustave Caillebotte ?

     Riche héritier de son père à 26 ans, il n’avait pas besoin de la peinture pour vivre. Avec talent, il peignait pour le plaisir. Un critique disait que « Caillebotte faisait de la peinture à ses moments perdus ».

     Caillebotte participe à l’épopée de l’impressionnisme. Les peintres avant-gardistes qui voulaient révolutionner la peinture académique deviennent ses amis, et il expose avec eux dès la deuxième exposition du groupe à Paris en 1876. Par tous les moyens, il les aide: organisation et financement de leurs manifestations, achats de tableaux (Bal au moulin de la Galette de Renoir, Le balcon de Manet, La gare Saint-Lazare de Monet, etc.), prêts d’argent. Mort prématurément à 45 ans, il lègue à l’Etat sa collection de toiles impressionnistes : le fameux « legs Caillebotte » comprenant 67 œuvres achetées à ses amis. Celui-ci forme aujourd’hui une part importante de la collection du Musée d’Orsay. La peinture impressionniste lui doit beaucoup…

     Il a douze ans lorsque son père achète à Yerres une superbe propriété entourée d’un grand parc longeant les bords de la rivière Yerres. La propriété offre à Caillebotte de nombreux motifs qui l’inspireront durant une vingtaine d’années avant la vente de celle-ci au décès de ses parents. Aujourd’hui, la ville d’Yerres a engagé un vaste programme de réaménagement de la propriété, du parc, du potager, des rives de l’Yerres, afin de leur redonner l’aspect du lieu à l’époque du peintre. Yerres est en passe de devenir un haut lieu de l’impressionnisme comme peut l’être l’atelier et les jardins de Claude Monet à Giverny.

     En dehors de la peinture, Caillebotte avait de nombreuses passions : jardinage, plaisancier victorieux de nombreuses régates, architecte naval. Elles se retrouvent dans les peintures présentées dans l’exposition de Yerres qui permet, jusqu’au 20 juillet prochain, de retrouver les œuvres du peintre dans le lieu même qui les a inspirées.

     Je connaissais bien les toiles les plus connues de l'artiste que j'avais croisées dans différents musées : Les raboteurs de parquet, Rue de Paris, temps de pluie, Le pont de l’Europe. J’en ai eu la confirmation en visitant l’exposition : Gustave Caillebotte exposait avec ses amis impressionnistes mais il n’était pas un véritable impressionniste. Sa peinture ne ressemble pas à celle des chefs de file du mouvement Monet, Renoir, Pissarro, Sisley ou Berthe Morisot. Elle est davantage inscrite dans la filiation du réalisme, tout en apportant par son originalité, ses compositions audacieuses, ses cadrages photographiques, une touche d’un modernisme nouveau pour l’époque.   

     Je montre, ci-dessous, quelques œuvres qui m'ont apparu comme les plus importantes des toiles exposées peintes dans la maison familiale à Yerres.

 

     Le graphisme de cette toile évoque, par sa composition, l’influence du japonisme et des peinture,caillebotte,yerresestampes que collectionnaient les peintres dans la deuxième moitié du 19e siècle : chemin tracé en diagonale, pluie invisible provoquant des ronds dans l’eau troublant l’horizontalité de la rivière, arbres verticaux sur la rive opposée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gustave Caillebotte - L'yerres, effet de pluie, 1875, Indiana University Art Museum, Bloomington

 

 

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 Gustave Caillebotte - Périssoires sur l'Yerres, 1877, Milwaukee Art Museum

 

     Les périssoires glissent lentement. La rivière occupe toute la largeur de la toile. Des touches bleu et jaune juxtaposées font vibrer l’eau calme de cette belle journée d’été.

 

 

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Gustave Caillebotte - Périssoires sur l'Yerres, 1877, National Gallery of Art, Washington

 

     Cette toile de périssoires, qui a servi à l’affiche de l’exposition, est bien différente de la toile précédente de périssoires du Milwaukee Art Museum : vision moins traditionnelle, plus dynamique qui se retrouve dans les lignes en diagonale de la perspective, dans les gestes des rameurs et les reflets de leurs rames, dans les nombreuses variations de tons verts confinant un espace sans ciel.

 

 

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Gustave Caillebotte - Canotiers ramant sur l'Yerres, 1877, Collection privée

 

     Cette toile fut une aubaine pour les caricaturistes lors de l’exposition impressionniste de 1879. Le peintre, placé au-dessus du motif, présente les rameurs en gros plan, sans visage, dans une vision très photographique.

  

 

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  Gustave Caillebotte - Canotier au chapeau haut de forme, 1878, Collection privée

    

     Scène de canotage étonnante de par son cadrage et par la représentation du canotier : l’homme ne porte pas le traditionnel maillot sans manches et chapeau de paille, mais est peint en tenue de ville, gilet, cravate et haut de forme, la veste déposée sur le banc.

 

 

      De format identique, les trois tableaux suivants, montrant les bords de l’Yerres en 

peinture,caillebotte,yerresété, ont été réunis en triptyque présenté comme « panneaux décoratifs » lors de l’exposition impressionniste de 1879. Les thèmes représentés sont l’eau, l’été, la nature et les activités offertes : pêche à la ligne, baignade, canotage. Il s’agissait d’un véritable manifeste de la peinture avant-gardiste de plein air, en opposition avec la peinture classique de l’époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gustave Caillebotte - Pêche à la ligne, 1878, Collection privée

 

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Gustave Caillebotte - Baigneurs, bords de l'Yerres, 1878, Collection privée

 

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 Gustave Caillebotte - Périssoires sur l'Yerres, 1878, Musée des Beaux-Arts, Rennes

  

 

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Gustave Caillebotte - Le boulevard vu d'en haut, 1880, Collection privée

 

     Ce boulevard réalisé en surplomb de son sujet, la vue décalée, est l’un des derniers tableaux de l’exposition. La vue plongeante exceptionnelle de cette peinture, novatrice en 1880, est empruntée aux estampes japonaises. Un siècle plus tard, la photographie rendra familière ce genre de représentation.

 

 

      « S’il avait vécu au lieu de mourir prématurément, il aurait bénéficié du même retour de fortune que nous autres, car il était plein de talent… Il avait autant de dons naturels que de conscience et il n’était encore, quand nous l’avons perdu, qu’au début de sa carrière. »  - Claude Monet

 

 

                                                                                              Alain                

 

 

     Cette note est ma dernière avant le début de la saison estivale. J’espère que ces visions de canotage vous donneront des idées pour vos futures vacances que je vous souhaite reposantes et enrichissantes.

 

 

Commentaires

  • Merci pour cette jolie balade en canots et canoës : ça donne envie d'aller faire un petit tour à Yerres que je ne connais pas...
    Bonnes vacances à vous également et au plaisir de vous lire à nouveau à la rentrée :)

  • Il va falloir faire vite pour la balade à Yerres. L’expo se termine le 20 juillet. En plus de Caillebotte, on peut visiter le grand parc, le potager et suivre les bords de l’Yerres. C’est un joli coin que la commune est en train de réhabiliter.
    J’ai vu votre visite au musée d’art américain de Giverny. Je voulais voir cette expo que j’ai loupé. Heureusement, je connais bien ces peintres américains qui sont tous excellents : Robinson, Sargent, Tarbell, Cassatt, et autres. Et puis il y a tant de souvenirs qui se rattachent à Giverny que c’est toujours un plaisir de s’y rendre.
    Profitez bien des joies que nous offre la saison estivale.

  • Je réécoute une émission de l'Humeur vagabonde et tombe sur votre blog en cherchant des tableaux de cabines de plage, Caillebote, Monet, VAn Gogh...
    belle découverte,ces plongeons...
    je vais regarder d'un peu plus près si vous avez parlé de la serre de Yerres,
    étant à Toulouse, je n'irai pas aux derniers jours de l'expo du Musée MArmottan qui en expose quelques tableaux

  • Tiens, j’écoute de nombreuses émissions de Radio France mais je ne connaissais par l’humeur vagabonde. J’enregistre la dernière pour voir.
    Je suppose que vous parlez de la serre de la propriété Caillebotte. Elle existe toujours.
    Dommage pour vous d’être loin de Paris et de ne pouvoir visiter l’expo Marmottan qui nous offre de nombreuses toiles jamais montrées. Six toiles ce Caillebotte figurent dans cette expo. Ce sont des vues de Paris et de son jardin du Petit-Gennevilliers.
    A bientôt.

  • Merci, j'ai beaucoup aimé cette promenade à Yerres en compagnie de Gustave Caillebotte, qui est vraiment pour moi le maître du "cadrage"

  • Moi aussi je me suis bien promené à Yerres sur les chemins de Caillebotte, le grand parc, la propriété, le potager et les bords de la rivière qui lui inspira ses nombreuses scènes de canotage.
    Le cadrage, avant d’entamer une toile, devait être sa première préoccupation, ce qui était très novateur pour l’époque.

  • Dans un premier temps, je suis étonné par l'introduction et le titre en bleu qui la suit : décidément, je ne connais pas grand-chose en peinture ! J'ignorais que Caillebotte fût impressionniste.

    Puis vient cette phrase qui me réconforte : "mais il n'était pas un véritable impressionniste."

    J'ai aujourd'hui découvert des toiles dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Et, surtout, une approche de la peinture très en phase avec la prise de vue cinématographique.

    Merci Alain : voilà encore pour moi une journée réussie !
    J'ai eu le plaisir d'accroître mes connaissances en te lisant ...

    Excellentes vacances à toi.

    Amitiés,
    Richard

  • Oui, Richard, c’est bien le problème avec Caillebotte : impressionniste ou pas ? Car, encore aujourd’hui, il est catalogué comme impressionniste…
    La méprise provient, à mes yeux, de deux raisons essentielles qui sont liées :
    1- Il était immergé dans l’impressionnisme naissant. Tous ses amis, avec lesquels il exposait, faisaient partie du groupe dit des « impressionnistes », nom provenant d’une critique journalistique sur un tableau de Monet que tu connais.
    2- Riche, il achetait beaucoup de toiles à ses amis pour leur venir en aide. Décédé jeune, son legs à l’Etat de toiles impressionnistes très importantes, qui fondent la collection du musée d’Orsay, fait que son nom ne peut être séparé du mouvement impressionniste. Dans quel musée dans le monde serait le « Moulin de la Galette » de Renoir, et beaucoup d’autres, sans Caillebotte ?
    Pourtant, tout comme Gauguin qui exposa lui aussi dans le groupe, on ne peut les considérer comme des impressionnistes dans la mesure où leur recherches n’étaient pas basées, comme leurs amis, sur les impressions fugitives, la mouvance lumineuse, les reflets sur l’eau ou les variations des couleurs au fil de la journée. Il suffit de voir la plupart des toiles de Caillebotte pour s’en assurer. Ce peintre était un réaliste. Par ailleurs, il profitait de l’avènement de la photographie, et des photos faites par son frère, pour s’en inspirer et oser des cadrages modernes : canotiers, vues des boulevards et des maisons du boulevard Haussmann à Paris où il avait un appartement.
    Quelle période bouillonnante en peinture que cette fin de 19e siècle.
    Passe un bel été en oubliant, peut-être, l’égyptologie.

  • Tout va bien Esperiidae.
    Après un long silence, comme les petits écoliers, je prépare une rentrée semaine prochaine.
    Tes pensées helvètes me font plaisir.
    A bientôt

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