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Si l'art était conté... - Page 6

  • Lumière

     

    Lumière, Christelle Saïani, Sainte-Victoire

     

     

    Christelle SAÏANI m’a confié la genèse de l'écriture de son roman publié en début d’année chez Librinova : tenir une promesse qu’elle avait faite à un être cher disparu très jeune dont la hantise était d’être oublié.

    Le roman a pris corps et le personnage principal incarne tout ce que représentait cet ami pour Christelle : la générosité, le sens profond des autres, l'attachement à la terre et à la culture familiale, un amour irrépressible de la vie.

    Un roman lumineux. Un instant de grâce. Une écriture littéraire nous réconciliant avec notre belle langue française trop souvent mutilée.

    Depuis sa publication ce livre fait l’unanimité sur le réseau littéraire Babelio. J’ai pris un grand plaisir à lui consacrer une chronique que je vous donne ci-dessous :

     

     

    Dire que je n’ai fait qu’aimer le livre de Christelle Saïani serait inexact. Je l’ai dégusté voluptueusement comme une friandise. Le titre LUMIÈRE et le sobre graphisme de la couverture conviennent parfaitement à cet ouvrage lumineux, tout en émotion poétique.

     

    La lecture par hasard d’un extrait des premières pages du roman avait suffi, curieux, pour que je me décide à commander le livre chez mon libraire. J’avais été saisi par le beau paragraphe décrivant une jeune femme, telle une odalisque, le corps offert, qui acceptait de se déshabiller pour servir de modèle à un ami peintre ayant su faire fondre sa pudeur. Je m’étais dit « C’est ainsi qu’il faut conter l’acte de création d’un artiste », et j’avais voulu en savoir plus.

     

    Ayant particulièrement apprécié la qualité littéraire, une seule méthode s’est imposée à moi pour donner voix à ce livre : laisser parler l’auteure elle même.

    La trame du récit s’appuie étroitement sur les deux personnages principaux : Ambre, jeune femme amoureuse, sensuelle, chaleureuse, sensible, traînant quelques cicatrices ; Olivier, généreux, ouvert, qui forme avec sa femme Naïs un couple magnifique.

     

    Je m’efface derrière le style des phrases de l’auteure qui m’a séduit.

     

    Un peintre « croquant » Ambre : 

    « Mais l’image qu’il avait extraite de mon anatomie était fascinante : une femme callipyge, ensorceleuse, Vénus à chair de lait, sur un lit torturé de nuances pivoine, pourpre et sang. Fusion de la sensualité et d’une forte sensibilité, érotisme manifeste qui crevait la pudeur. »

     

    Ambre et sa sensualité débordante avec Léo. L’aventure se termine mal pour elle.

    « Lorsque je me suis endormie dans ses bras, j’étais à lui, sans retenue et sans pudeur, terre labourée et fertile, plus vivante que jamais. Mon corps croulait d’épuisement, brisé par le ressac d’un effort physique poussé à l’acharnement mais fanatisé et refusant de demander grâce. »

     

    Olivier nous décrit sa Sainte-Victoire. Un régal ! Ce joyau de la Provence inspira Paul Cézanne toute sa vie. Son pinceau se délectait des tonalités et des courbes féminines de la roche.

     

    peinture, Sainte-Victoire

    « Ici, la terre est rouge, argileuse, chargée d'oxydes de fer. Elle saigne. Plus haut, renflée à sa base, la Sainte-Victoire, blanche et bleutée, étire son immense colonne vertébrale vers le ciel. Plis déjetés, failles, ravines, falaises calcaires, terre rocailleuse et aride : j'aime cette montagne comme aucun autre endroit, sa géométrie, ses lignes de force, sa lumière. »

     

    Ambre, dépressive, rencontre Olivier dont elle lui envie sa famille et sa joie de vivre :

    « Ce sourire, je ne l’attendais pas, ou plus. C’est la vie qui jaillit magnifiquement et sans bruit à travers une rangée de canines, d’incisives, de molaires et de prémolaires. La vie qui claque et frappe un jeu de quilles. »

     

    Olivier, atteint d’un cancer, apprend, avec sa femme, qu’il vient de passer six mois de combat thérapeutique pour rien :

    « Je n’ose me tourner vers Naïs. Je te demande pardon chérie, je ne suis pas parvenu à guérir. Je te l’avais promis. Ta main tremble sous mes doigts. Je ne ressens que les ondes de surface. À l’intérieur, les ondes de corps sont en train de te ravager. Ne pas te regarder. Ne pas pleurer. Ne pas céder à l’envie de hurler. »

     

    Une très belle réflexion sur une mère (les mères) :

    « C’est la mère qui nous fait naître au monde. Lové en son sein, le fœtus découvre ses premières sensations, épurées, adoucies. Lumière, sons, caresses. Il baigne dans un univers d’éther dont il est le soleil, soudé à une chair qui lui est vouée et dévolue. Le ventre maternel, la matrice ? Un état sans conscience, délivré du désir et de la peur. »

     

    Ambre rencontre chez Olivier, Alexandre, son futur compagnon de vie :

    « Cheveux poivre et sel en spirales épaisses, visage d’adolescent sur lequel courent de fines ridules, regard noir et vif, lustré comme le cuir d’une chaussure italienne. Alexandre me sourit avec aménité et dépose un baiser sur ma joue. »

     

    Tom, le fils d’Olivier, demande à son père de lui décrire à nouveau sa rencontre avec Naïs :

    « — Et là… une décharge électrique me traverse des pieds à la tête et me hérisse poils et cheveux : une personne vient de me foudroyer en me frôlant pour s’installer à ma droite sur la banquette : Maman. Bien sûr, elle ne m’a pas encore vu. Une reine peut-elle voir un simple sujet ? Moi, je ne vois qu’elle et sa beauté me décroche littéralement la mâchoire. »

     

    Olivier, très malade, souhaitait voir la mer. Sur la plage, il se confie à son amie Ambre :

    « Même si je fais le grand saut, je serai toujours là pour toi… et si l’envie te prend un jour de te balader avec moi, met tes baskets et viens me retrouver sur le massif de la Sainte-Victoire. C’est là que je serai. »

     

    La fin du roman est triste, mais positive et si belle.

    Ce livre est riche de chaleur humaine, de joie et de sensibilité. Comme beaucoup de lecteurs j’ai été bouleversé.

    J’ai apprécié la comparaison de la frêle silhouette de Naïs avec la « Jeune fille à la perle » de Vermeer, mon peintre préféré.

     

    Dans un message l’auteure m’a expliqué les raisons qui l’ont poussée à écrire ce livre : rendre hommage à un être cher disparu très jeune qui avait la hantise d’être oublié. Le personnage d’Olivier incarne tout ce qu’il avait représenté pour elle.

    Quel bel hommage vous lui avez rendu, Christelle !

     

    Pour un premier essai Christelle Saïani a réussi un coup de maître qui offrira au livre d’autres horizons car il mérite largement de continuer sa route. « Vole »
    Merci Christelle.

     

     

    Ce livre est un acte de création affectif, gratuit, car l’auteur reverse ses bénéfices à la Croix-Rouge. Il est à offrir à ceux que l’on aime car il rend heureux.

    Noël approche…

     

     

  • Toulouse-Lautrec au cirque

     

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    Henri de Toulouse-Lautrec – Au cirque Fernando, Écuyère, 1888, The Art Institute of Chicago

     

         Au début de 1899, l’alcool, le manque de sommeil, les femmes faciles, avaient fait chuter le peintre Toulouse-Lautrec.

        Il n'avait cessé de se moquer de la bourgeoisie à la pointe de son crayon. La presse s’était déchaînée en apprenant la nouvelle de son internement dans une clinique parisienne : « Cette loque qui n’arrivait plus à tenir un pinceau ». Il était devenu un objet de compassion, de risée.

     

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  • La collection Beistegui au Louvre

     

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         Que deviendrait le Louvre sans ses nombreux donateurs qui permettent au musée de s’agrandir et d’exister ?

        Carlos de Beistegui en fait partie. Grand amoureux de la peinture il plaçait en premier le genre du portrait. Héritier d’une fortune importante, il constitua lentement auprès de grands marchands parisiens une collection d’une grande richesse.

         Il donna sa collection à l’État français en 1942. Celle-ci fut acquise définitivement par le Louvre en 1953. Pour les habitués du Louvre, on peut la trouver cachée dans une petite salle, dans le passage Mollien qui mène à la Grande Galerie.

     

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  • Lautrec et les femmes

     

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    Toulouse-Lautrec - Affiche La revue blanche, Portrait de Misia Natanson, 1895

     

         Durant une bonne dizaine d’années, de 1889 à 1903, la « Revue Blanche » fondée par Thadée Natanson et ses frères fut un haut lieu de l'intelligentsia culturelle et artistique de l'époque. Les plus grands noms y collaborèrent : Mirbeau, Proust, Apollinaire, Verlaine, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Toulouse-Lautrec...

         Henri de Toulouse-Lautrec venait régulièrement faire de long séjour au « Relais » chez Thadée et sa femme Misia, la reine de Paris. Ce nabot génial se plaisait chez ce couple qui l’admirait profondément. Ses nombreux amis, habitués de la « Revue blanche » dirigée par Thadée, l’adoraient et le subissaient. « Quelques-uns de tous ceux-là savaient que Lautrec eût donné tous ses dons et son nom pour n’être qu’un cavalier hardi, maîtrisant un cheval entre ses cuisses, les cuisses qu’il avait, enfant, brisées l’une après l’autre… » Une maladie des os et des chutes de cheval l’avaient laissé estropié. De plus, il zézayait avec un accent languedocien.

    Malgré ses handicaps, ou à cause d'eux, les femmes ne cesseront d’inspirer sa peinture.

     

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  • Edgar Degas vu par Paul Valéry

     

     Degas, Valéry

    Edgar Degas – Autoportrait, 1858, Sterling and Francine Clark Institute or Art, Williamstown

     

    « Un personnage singulier, grand et sévère artiste, essentiellement volontaire, d’intelligence rare, vive, fine, inquiète, qui cachait sous l'absolu des opinions et la rigueur des jugements, je ne sais quel doute de soi-même et quel désespoir de se satisfaire » - Paul Valéry

     

         Paul Valéry ne pense pas trop de bien des biographies. Le livre « Degas Danse DegasDessin » écrit par l’écrivain est un long monologue intellectuel sur un peintre qui était mort depuis une vingtaine d’années lorsque le livre est publié en 1938 chez Gallimard, après une édition précédente par Amboise Vollard. Pour donner de l’épaisseur à l’ouvrage, l’éditeur a rajouté de nombreuses photos d’archives, parfois prises par le photographe qu’était Edgar Degas. Des tableaux en noir et blanc sans grand intérêt ne sont là qu’à titre d’informations : peut-on apprécier les magnifiques pastels de Degas sans la couleur ?

     

     

     

         Edgar Degas a 60 ans, l’écrivain 23 ans, lorsque le jeune homme se présente au 37 rue Victor Massé à Paris, demeure du peintre, dans les années 1893 ou 94.

         Difficile de faire un résumé plus précis et plus juste du personnage Degas :

         « Tous les vendredis, Degas, étincelant, insupportable, anime le dîner chez Henri Rouart. Il répand l’esprit, la terreur, la gaieté. Il perce, mime, il prodigue les boutades, les apologues, les maximes, les blagues. Il abîme les gens de lettre, l’Institut, les faux ermites, les artistes qui arrivent ; cite Saint-Simon, Proudhon, Racine et les sentences bizarres de Monsieur Ingres… Son hôte, qui l’adorait, l’écoutait avec une indulgence admirative, cependant que d’autres convives, jeunes gens, vieux généraux, dames muettes, jouissaient diversement des exercices d’ironie, d’esthétique ou de violence du merveilleux faiseur de mots. »

     

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  • La face humaine de Vincent

     

         Comment un fou pourrait-il écrire les deux phrases ci-dessous ?

     

    « Mon pinceau va entre mes doigts comme serait un archet sur le violon et absolument pour mon plaisir. »

     

    « Hier j’étais au soleil couchant dans une bruyère pierreuse où croissent des chênes très petits et tordus, dans le fond une ruine sur la colline, et dans le vallon du blé. C’était romantique, on ne peut davantage, à la Monticelli, le soleil versait des rayons très jaunes sur les buissons et le terrain, absolument une pluie d’or.

    Et toutes les lignes étaient belles, l’ensemble d’une noblesse charmante. On n’aurait pas du tout été surpris de voir surgir soudainement des cavaliers et des dames revenant d’une chasse au faucon, ou d’entendre la voix d’un vieux troubadour Provençal. Les terrains semblaient violets, les lointains bleus. J’en ai rapporté une étude d’ailleurs, mais qui reste bien en dessous de ce que j’avais voulu faire. »

     

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    Vincent Van Gogh - Autoportrait, été 1887, Van Gogh Museum, Amsterdam

     

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  • Le maître de la nuit

     

         « Une masse brune, une flamme citron, un rouge franc, un vermillon plus sourd, une grandeur triste. »

     

         Pascal Quignard, l'auteur du livre "Georges de La Tour" se parle à lui-même. Une sorte de spiritualité mystique se dégage des mots qu’il utilise pour exprimer cette peinture d’ombre et de lumière. La flamme serait-elle Dieu ?

     

    georges de la tour

    Georges de La tour - La Madeleine à la veilleuse, 1640, musée du Louvre, Paris

     

     

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  • Le sfumato de Léonard vu par Proust

     

         L’exposition Léonard de Vinci vient de se terminer au Louvre. Mon dernier article lui était consacré.

        Mon ami Richard Lejeune, un grand connaisseur de l’œuvre de Marcel Proust, me donne l’occasion de donner une suite à cet article en parlant à nouveau de Léonard de Vinci, mais à travers le regard d’un poète, l’un des plus grands écrivains de la littérature française : Marcel Proust.

         Marcel Proust était un grand connaisseur en matière d’art, et plus particulièrement en peinture. Deux personnages de son livre À la recherche du temps perdu reviennent constamment dans le roman : Charles Swann, dandy fortuné, fin connaisseur des arts ; Elstir, peintre renommé, ami de Swann.

     

         Je rappelle un autre article sur Marcel Proust que j’avais publié dans le blog l’année dernière : "Un modèle de Swann"

    http://www.httpsilartetaitconte.com/apps/search?s=swann&search-submit-box-search-364419=OK

         Je m’étais inspiré de l’étude, dont m’avait parlé Richard, du professeur japonais Kazuyoshi Yoshikawa sur l’œuvre de Marcel Proust. Selon lui, un banquier fortuné, critique d’art, mécène, collectionneur, occupant une place importante dans le petit monde des arts de la fin du 19ème siècle au début du 20e , nommé Charles Ephrussi, aurait directement inspiré le personnage de Swann dans À la recherche du temps perdu. Directeur de la « Gazette des Beaux-Arts », Ephrussi aurait connu Proust dans les salons qu’il fréquentait et aurait initié celui-ci, déjà grand amateur d’art, au monde des Beaux-Arts en lui permettant de publier des articles dans sa revue.

     

    De quoi est-il question dans ce nouvel article sur Léonard de Vinci ? De sfumato, évidemment !

    Les connaisseurs en peinture savent que le mot « sfumato » est souvent utilisé lorsque l’on parle du créateur de la Joconde ou de la Sainte Anne, deux des œuvres majeures de l’artiste, parmi d’autres, qui sont au Louvre à Paris.

     

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    Léonard de Vinci - Sainte Anne (tête de la sainte Anne), 1503, musée du Louvre, Paris

     

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  • Léonard de Vinci au Louvre

     

         500 ans déjà...    

        Le Louvre se devait de frapper fort à l’occasion du cinq centième anniversaire de la mort de Léonard de Vinci en 1519 au château du Clos-Lucé près d’Amboise.

       La vision du catalogue m’a impressionné. Magnifique ! : lourde couverture cartonnée dans des tons bruns chauds, et le regard enjôleur de « La Belle Ferronnière » qui me fixe intensément. Troublant...

     

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        Que dire de cette exposition que je viens de visiter juste avant sa fermeture ? Les adjectifs sont trop faibles pour la décrire : remarquable, superbe, éblouissant…

       Rien moins que 150 œuvres sont rassemblées : dessins, peintures, objets d’art, manuscrits, venant des plus grands musées dans le monde. Une occasion unique de voir onze tableaux (avec "La Joconde") du maître sur la vingtaine qui lui est attribuée.

         La plupart des oeuvres proviennent de la collection du Louvre, la plus importante au monde : 5 tableaux et 22 dessins.

         Le Louvre a réussi l’exploit ! Les commissaires de l’exposition, Vincent Delieuvin et Louis Franck, en se livrant à une étude fondée sur les documents et textes conservés, ont permis aux visiteurs de s’approprier le parcours de vie de ce génie universel, depuis ses débuts à 13 ans lorsque son père le fit, à Florence, entrer dans l’atelier du peintre et sculpteur Andrea Del Verrocchio, jusqu’à ses derniers jours en France.

     

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    Andrea del Verrocchio - Publius Cornelius Scipion, 1467, louvre

     

       La « Joconde », trop fragile, est restée douillettement installée dans sa salle habituelle où les visiteurs la dérangent constamment en ne cessant de la mitrailler pour l’immortaliser. Elle devrait porter plainte... Elle en a vu d’autres…

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    Léonard de Vinci - La Joconde, 1503, musée du Louvre, Paris

     

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  • Les lectures de Cannetille

     

    Une chronique littéraire reçue sur le site Les lectures de Cannetille dont je reprends quelques passages ci-dessous : 

     

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    Coup de coeur

     

    Titre : Conter la peinture

    Auteur : Alain YVARS

    Année de parution : 2020

    Editeur : Independently published

    Pages : 114

     

    Présentation de l'éditeur :

    Les ombres des grands peintres disparus… Pourquoi la vision de leurs œuvres alimente-t-elle ainsi mon imagination ?
    Marcel Proust dans son roman « À la recherche temps perdu » met en lumière la troublante relation qui existe entre la peinture et l’écriture, deux arts s’influençant mutuellement. Ainsi, il fait mourir Bergotte devant le tableau de Vermeer la « Vue de Delft » : « Il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu'il veut saisir, au précieux petit pan de mur. « C'est ainsi que j'aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune ».
    Tout au long des douze nouvelles de ce recueil, j’ai souhaité faire connaissance avec ces hommes et femmes qui ont fait l’histoire de l’art, les regarder peindre et vivre. Subtilement, de la même façon que Bergotte devant « le petit pan de mur jaune », un jeu de miroir a fini par s’établir entre les œuvres et mes mots, créant parfois un dialogue imaginaire avec les artistes.
     
    Retrouvez ici mon interview d'Alain Yvars (Juin 2019)
     
     

    Avis :

    Lui-même peintre et passionné d'art, Alain Yvars a choisi quelques œuvres picturales célèbres pour, le temps de courtes nouvelles, redonner vie à chacun de leurs auteurs et de leurs époques : un peu comme si, en observant chaque tableau, un écho de leur contexte et des personnes qui les ont vus naître vous parvenait au travers des siècles. Soudain, l'atelier, le modèle, la société d'alors resurgissent à vos oreilles, comme un fond sonore accompagnant votre contemplation. 

    Je me suis plu à imaginer un musée capable de vous faire vivre les oeuvres de la même façon : devant chaque tableau, un casque sur les oreilles, j'entendais l'évocation sonore reconstituée à partir du texte d'Alain Yvars, ou bien, à l'instar de l'expérience immersive proposée sur les peintres impressionnistes au Château d'Auvers-sur-Oise, j'assistais à un bref son et lumière, au moyen de quelques images projetées sur les murs et toujours d'une bande-son restituant l'atmosphère et les voix.


    Il a fallu à l'auteur toute l'imprégnation acquise au cours de décennies de passion, pour ressusciter avec autant de naturel et de crédibilité ces petits morceaux de vie, pour réussir ces brèves plongées dans l'intimité des peintres et de leur entourage. Tous ces textes accompagnés d'illustrations réussissent à faire vivre les oeuvres qu'ils évoquent : en lisant Alain Yvars, les tableaux cessent d'être de beaux objets inertes que l'on vient contempler, ils s'animent et parlent, ils vous projettent directement dans l'existence des hommes et des femmes peintres. 


    Chacune de ces petites nouvelles est différente, toutes sont agréables à lire et, sans aucun doute, elles ont de quoi intéresser autant les passionnés d'art que les néophytes. Coup de coeur (5/5).


    Je remercie Alain Yvars pour son service presse et salue son soutien à l'association Rêves pour enfants malades, à qui il reverse les bénéfices de ses publications.


    https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2020/01/yvars-alain-conter-la-peinture.html

     

    Du même auteur :

     

    Que les blés sont beaux : l'ultime voyage de Vincent Van Gogh

     
     
  • Barnes et ses chefs-d'oeuvre

     

    Barnes, Cézanne, Louvre,

    Paul Cézanne Les joueurs de cartes, 1892, Fondation Barnes, Philadelphie

     

         Depuis sa constitution en 1922 à Merion, aux États-Unis, la fondation Barnes n’avait jamais bougé. Désormais, les amateurs d’art du monde entier peuvent venir admirer cette collection exceptionnelle qui s'est installée en 2012 dans un nouveau lieu, à Philadelphie.

     

     

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